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Gaza : la Guerre Met en Péril la Durabilité Mondiale et le Climat

Démêler les impacts en cascade : comment le conflit Israël-Hamas mine la durabilité mondiale et les efforts climatiques

Face à l’escalade des conflits régionaux, Gaza et Ukraine, le monde est témoin d’un déraillement inquiétant de ses efforts concertés en faveur des objectifs de développement durable (ODD) et de l’action climatique. La guerre entre Israël et le Hamas et d’autres conflits armés font des ravages à l’échelle locale, mais jettent également de longues ombres sur nos aspirations mondiales en matière de développement durable. 

Alors que dans un monde où la crise après crise capte nos esprits et nos ressources, l’attention essentielle portée à la réalisation des objectifs ambitieux fixés pour 2030 et au-delà diminue de manière alarmante. Cet article examine les impacts multiformes du conflit à Gaza, révélant qu’il contribue à un revers important dans la quête mondiale du développement durable et de la résilience climatique.

Détérioration de la paix mondiale au cours des 15 dernières années

Quelques mois avant le début de la guerre à Gaza, l’Institute for Economics & Peace (IEP) a publié le dernier Indice Mondial Annuel de la Paix, « Global Peace Index 2023 ». Le rapport a fourni un aperçu complet de l’état de la paix mondiale, révélant des informations percutantes ayant des implications significatives pour les objectifs de développement durable (ODD). Le rapport, qui examine divers aspects des conflits mondiaux, présente les principales conclusions suivantes :

Premièrement, il y a eu une augmentation stupéfiante de 96 % du nombre de décès liés aux conflits dans le monde, pour atteindre un total sinistre de 238 000. Ce chiffre constitue le niveau le plus élevé enregistré au XXIe siècle, mettant en évidence l’intensification des conflits dans le monde.

Les conséquences économiques de la violence en général ont connu une augmentation substantielle de 17 %, pour un coût énorme de 17 500 milliards de dollars. Ce bilan économique représente 13 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, soulignant l’impact considérable des conflits sur l’économie mondiale.

Une tendance inquiétante se confirme à mesure que les conflits s’internationalisent, avec l’implication de 91 pays dans des conflits externes – une augmentation significative par rapport aux 58 pays signalés en 2008. Ce changement souligne la nature interconnectée des conflits à l’échelle mondiale.

L’Ukraine se distingue comme un foyer de détérioration de la paix, connaissant une augmentation stupéfiante de 479 % de l’impact économique des conflits. Cette statistique reflète les défis aigus auxquels sont confrontées les régions aux prises avec des conflits, l’Ukraine étant un exemple poignant.

La crise mondiale des déplacements persiste, avec une augmentation continue du nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays. La situation est particulièrement prononcée en Ukraine, où d’importants déplacements s’ajoutent aux défis humanitaires déjà complexes.

Malgré l’escalade des conflits, le rapport note que plusieurs pays ont enregistré une amélioration de leurs dépenses militaires. En outre, l’utilisation de drones dans les conflits a connu une augmentation notable, reflétant les progrès technologiques ayant un impact sur la nature de la guerre.

Un changement notable dans la répartition des conflits est évident à l’échelle mondiale, les conflits majeurs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) et en Asie du Sud montrant des signes de déclin. À l’inverse, les conflits en Afrique subsaharienne, en Europe et dans la région Asie-Pacifique se sont intensifiés.

Le rapport « Global Peace Index 2023 » présente donc un portrait complet et alarmant de l’état de la paix mondiale. Les tendances et les chiffres documentés ont déjà souligné l’impérieuse nécessité de déployer des efforts concertés pour faire face aux complexités des conflits, en soulignant le rôle essentiel d’une paix durable dans la promotion du développement mondial.

L’impact de la guerre à Gaza sur l’économie palestinienne

La guerre menée par Israël à Gaza fait la une des médias depuis plus de 2 mois et ses répercussions s’étendent bien au-delà de la zone immédiate du conflit. L’un des aspects les plus significatifs et les plus préoccupants de ce conflit est son grave impact sur l’économie palestinienne. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, les territoires palestiniens sont confrontés à une forte contraction économique qui devrait persister non seulement cette année mais aussi dans les années à venir. Plus loin, nous approfondirons les principaux points à retenir et les implications plus larges de cette crise.

La guerre à Gaza, qui est maintenant dans son troisième mois, a eu des conséquences dévastatrices. La déclaration de la Banque mondiale note que « les pertes en vies humaines, la rapidité et l’ampleur des dommages causés aux actifs fixes et la réduction des flux de revenus à travers les territoires palestiniens sont sans précédent ». Ces propos dressent un tableau sombre de la crise humanitaire qui sévit dans la région.

La contribution de Gaza à l’économie palestinienne globale, qui comprend la Cisjordanie, avait déjà diminué d’environ 36% en 2005 à seulement 17% l’année dernière. Le taux de chômage à Gaza a grimpé jusqu’à environ 85% en raison de la décision d’Israël de restreindre l’entrée des travailleurs palestiniens en Cisjordanie, laissant près de 200 000 personnes sans emploi. Les prévisions d’avant-guerre de la Banque mondiale d’une croissance de 3,2% de l’économie palestinienne cette année se sont maintenant transformées en une contraction de 3,7%, et la situation devrait s’aggraver l’année prochaine.

Impact sur la pauvreté multidimensionnelle à Gaza

Il y a six ans, la bande de Gaza luttait déjà contre une pauvreté complexe, caractérisée par 45 % de sa population vivant avec des revenus insuffisants et un accès restreint à l’éducation et aux infrastructures essentielles. Cependant, le conflit a exacerbé ce problème. Les déplacements forcés à grande échelle, la ruine de maisons et de biens, ainsi qu’une récession croissante, ont plongé davantage de résidents de Gaza dans la pauvreté. L’accès des enfants à l’éducation a été perturbé et les services de base sont devenus de plus en plus difficiles d’accès.

La crise a également provoqué des pressions inflationnistes et de graves pénuries de produits de base. En octobre, les prix à Gaza ont grimpé de 12 %, conséquence de la raréfaction des produits et de la demande accrue. Les prix des denrées alimentaires ont connu une augmentation moyenne de 10 % d’un mois à l’autre, tandis que les prix de l’eau en bouteille ont grimpé de 75 %. Le prix de l’essence a connu une flambée de près de 120 %, mettant encore plus à rude épreuve le budget des ménages.

Les pénuries massives de produits essentiels ont drastiquement limité la capacité de centaines de milliers de ménages à se procurer ces biens, indépendamment de leur capacité financière. La combinaison d’une offre réduite et d’une hausse des prix pèse lourdement sur le bien-être des ménages.

Le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), intitulé « La guerre de Gaza : impacts socio-économiques attendus sur l’État de Palestine » met en lumière les conséquences économiques et de développement profondément préjudiciables de la guerre actuelle.

Le rapport souligne une augmentation potentielle de la pauvreté de 34 %, poussant près d’un demi-million de personnes dans la pauvreté alors que le PIB chute de 8,4 %, ce qui se traduirait par une perte de 1,7 milliard de dollars. La crise du chômage a été aiguë, avec environ 390 000 pertes d’emplois, affectant profondément Gaza et la Cisjordanie. Dans cette guerre, 1,9 million de personnes ont subi des déplacements internes forcés et d’importants dégâts aux infrastructures ont été provoqués, ce qui indique un recul majeur dans la réalisation des ODD liés aux communautés durables et à la consommation responsable. L’indice de développement humain de l’État de Palestine pourrait être reculé de 11 à 16 ans, et celui de Gaza, de 16 à 19 ans, en fonction de l’intensité et de la durée de ce conflit. L’éducation n’a pas non plus été épargnée. La destruction des établissements d’enseignement et le déplacement des familles qui en a résulté ont perturbé l’éducation de milliers d’enfants, ce qui aura un impact à long terme sur la jeune génération.

La crise humanitaire à Gaza

La guerre a entraîné la perte tragique de plus de près de 20 000 vies à Gaza, dont une majorité de victimes parmi les femmes et les enfants, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Les Nations Unies estiment que 1,9 million des 2,4 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés par le conflit, et la moitié d’entre eux sont des enfants. Les agences des Nations Unies et les groupes humanitaires ont fait part de leurs inquiétudes quant aux menaces imminentes de famine et de maladies dans le territoire palestinien, appelant l’armée d’Israël à intensifier ses efforts pour épargner les civils. En vain ! 

La Banque mondiale a déclaré un financement additionnel de 20 millions de dollars destiné aux soins médicaux, aux besoins humanitaires, ainsi qu’à la distribution de bons et de colis alimentaires à Gaza, venant s’ajouter aux 15 millions de dollars précédemment alloués. Les pays et organisations donateurs devraient augmenter leurs contributions pour soutenir la réponse humanitaire dans la région.

Les dégâts causés aux infrastructures de Gaza

La destruction va au-delà des vies humaines et des maisons. L’analyse de la Banque mondiale révèle qu’environ 60% des infrastructures d’information et de communication, ainsi que les établissements de santé et d’éducation, ont été partiellement endommagés ou complètement détruits. 

De plus, 70% des installations liées au commerce à Gaza ont été soit gravement paralysées, soit entièrement anéanties. Près de la moitié de toutes les routes primaires, secondaires et tertiaires ont été endommagées ou détruites.

Impact de la guerre de Gaza sur Israël

Pour Israël, le bilan économique du conflit avec le Hamas est stupéfiant, avec des rapports estimant un revers financier d’environ 200 milliards de shekels (51 milliards de dollars), l’équivalent de 10 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. La moitié de ce coût considérable est imputée aux dépenses de la guerre, avec des allocations notables destinées à compenser la perte de revenus, les perturbations des activités et les coûts financiers de réhabilitation.

Au-delà de l’impact budgétaire immédiat, cette guerre a déclenché des perspectives négatives, suscitant des inquiétudes quant à une éventuelle dégradation des notations de crédit d’Israël par les principales agences financières. Les répercussions s’étendent aux marchés financiers, où les actions israéliennes connaissent une baisse vertigineuse, couplée à un affaiblissement significatif du shekel.

À long terme, l’impact économique de la guerre à Gaza sur Israël est substantielle. Le pays risque de perdre environ 400 milliards de dollars d’activité économique au cours de la prochaine décennie. Ce chiffre alarmant soulève des inquiétudes sérieuses quant aux perspectives économiques futures du pays. Les dommages collatéraux de la guerre s’étendent aux ménages, entraînant une baisse marquée des dépenses de consommation. Des secteurs tels que les loisirs et le divertissement sont les plus touchés par ce ralentissement économique.

Le conflit perturbe également la main-d’œuvre, une partie notable, y compris un segment important de l’industrie technologique, étant appelée en service de réserve. Cette mobilisation perturbe diverses industries et exacerbe encore les défis économiques auxquels le pays est confronté.

Les rapports soulignent les implications économiques étendues et durables du conflit Israël-Hamas, avec des répercussions qui se répercutent dans divers secteurs, dressant un tableau sombre du paysage économique israélien dans un avenir prévisible.

L’impact socio-économique de la guerre de Gaza sur les pays voisins

La guerre de Gaza, un conflit prolongé marqué par une violence et des souffrances intenses, a non seulement fait des ravages parmi le peuple palestinien, mais envoie également une onde de choc dans les pays voisins de la région des États arabes. Les résultats préliminaires d’une nouvelle évaluation rapide réalisée par le PNUD et la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale dressent un tableau sombre du potentiel ralentissement socio-économique auquel l’Égypte, le Liban et la Jordanie pourraient être confrontés si cette guerre persiste.

L’évaluation rapide révèle que le développement humain en Égypte, au Liban et en Jordanie est sur le point de régresser de manière significative. Si la guerre se poursuit pendant trois mois, les premières estimations suggèrent que 230 000 personnes supplémentaires dans ces pays voisins pourraient sombrer dans la pauvreté d’ici la fin 2023. Cette tendance alarmante est principalement due à la perte totale du produit intérieur brut (PIB), qui pourrait s’élever à environ 10,3 milliards de dollars américains, soit 2,3% pour ces trois pays.

Pour comprendre les retombées potentielles au niveau régional, l’évaluation s’appuie sur les enseignements tirés des conflits antérieurs dans la région, tels que l’invasion de l’Irak en 2003, la guerre à Gaza en 2008-2009 et la crise en Syrie depuis 2011. Ces effets englobent divers aspects, notamment l’évolution des prix du pétrole, l’afflux de réfugiés, les pressions sur la dette publique et l’espace budgétaire, ainsi que les perturbations dans le tourisme et le commerce. L’évaluation présente deux scénarios pour la durée du conflit : trois mois et six mois. Dans ce dernier scénario, où la guerre se prolonge au-delà de trois mois, les impacts socio-économiques sur les pays voisins devraient s’intensifier. Les estimations supérieures prévoient que près d’un demi-million de personnes pourraient plonger dans la pauvreté et que la perte totale du PIB pourrait atteindre le chiffre stupéfiant de 18 milliards de dollars, soit 4 %, pour les trois pays d’ici 2024.

Impact sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique

Le conflit Israël-Hamas a également un impact profond sur la communauté scientifique, la recherche et l’enseignement supérieur dans la région (« Le conflit Israël-Hamas : voix des scientifiques en première ligne » Nature news , 16 novembre 2023). Les activités universitaires en Israël et en Cisjordanie ont été gravement perturbées, les laboratoires étant vides et les travaux universitaires interrompus. Le conflit a conduit à la mobilisation de nombreux chercheurs israéliens comme réservistes militaires. De l’autre côté, cinq des six principales universités de Gaza ont subi des dommages à leurs bâtiments, ce qui a eu un impact sur les infrastructures de recherche et d’enseignement supérieur.

La guerre a des conséquences à long terme, contribuant aux griefs générationnels et affectant considérablement le développement humain et l’éducation, en particulier à Gaza. En conséquence, le conflit a perturbé les collaborations universitaires internationales, entraînant la suspension de nombreux projets. Des appels au soutien international ont été lancés, soulignant la nécessité d’une assistance pour reconstruire les infrastructures d’éducation et de recherche de Gaza.

Cela met en lumière les conséquences profondes et multiformes de cette guerre sur les communautés universitaires et scientifiques en Israël, à Gaza et en Cisjordanie. Il souligne les implications plus larges pour le développement durable dans la région, en soulignant le besoin urgent d’un soutien international pour reconstruire les structures d’enseignement et de recherche dans les zones touchées.

Effet papillon mondial : impact sur nous tous

La guerre entre Israël et le Hamas a eu des répercussions sur les marchés mondiaux des matières premières. Ces turbulences font suite aux perturbations provoquées par l’invasion russe de l’Ukraine, suscitant des inquiétudes quant à un potentiel « double choc » qui pourrait se répercuter à travers le monde.

Le rapport Perspectives des marchés des matières premières de la Banque mondiale apporte une lueur d’espoir, suggérant que l’économie mondiale est désormais mieux équipée pour faire face à la tempête des prix du pétrole qu’elle ne l’était dans les tumultueuses années 1970. Malgré cela, le conflit actuel au Moyen-Orient a déjà eu un certain impact, avec une modeste augmentation de 6 % des prix globaux du pétrole.

Pour l’avenir, les prévisions de base du rapport dressent un tableau des prix du pétrole en moyenne à 90 dollars le baril au cours du trimestre en cours, avec une baisse ultérieure à 81 dollars le baril l’année prochaine en raison du ralentissement de la croissance économique mondiale. Une perspective plus large révèle une baisse de 4,1 % des prix globaux des matières premières attendue pour l’année suivante, les prix des produits agricoles et des métaux de base étant également sur le point de baisser en 2024. Le rapport ne s’arrête pas à de simples prédictions ; il explore des scénarios potentiels, chacun avec son propre degré de perturbation des approvisionnements pétroliers et de fluctuations des prix. Ces scénarios vont d’une « petite perturbation », semblable à la guerre civile libyenne de 2011, à une « perturbation moyenne » de l’ampleur de la guerre en Irak en 2003, et même une « grande perturbation » rappelant l’embargo pétrolier arabe de 1973.

Étonnamment, le conflit actuel n’a eu que des impacts modestes sur les prix des matières premières, grâce à la capacité mondiale améliorée à absorber les chocs pétroliers depuis les années 1970. Les pays du monde entier ont renforcé leurs défenses, réduisant leur dépendance au pétrole et diversifiant leurs ressources énergétiques, y compris les sources renouvelables.

Toutefois, la vigilance reste de mise. L’or, souvent considéré comme un baromètre des préoccupations géopolitiques, a déjà vu son prix augmenter de 8 % depuis le début du conflit. Les pays en développement doivent se préparer à une augmentation potentielle de l’inflation globale et de l’insécurité alimentaire, en évitant les restrictions commerciales, le contrôle des prix et les subventions.

Le rapport leur conseille plutôt de renforcer les filets de sécurité sociale, de diversifier les sources alimentaires et d’améliorer l’efficacité de la production et du commerce alimentaires. À long terme, tous les pays peuvent renforcer leur sécurité énergétique en accélérant la transition vers les sources d’énergie renouvelables.

Dans un monde où la stabilité est primordiale, le conflit au Moyen-Orient nous rappelle brutalement l’équilibre fragile sur lequel reposent les marchés des matières premières. Les choix faits par les décideurs politiques dans les prochains mois seront déterminants pour savoir si le monde parviendra à traverser ces territoires inconnus avec résilience et adaptabilité.

Détérioration environnementale et impact des conflits

Les conséquences environnementales des guerres à Gaza et en Ukraine sont importantes et multiformes. Ces conflits ont conduit à une dégradation importante de l’environnement, avec des impacts directs sur les ressources terrestres, atmosphériques et hydriques. La destruction des infrastructures et des sites industriels, entraînant souvent des déversements de matières dangereuses, a encore aggravé la situation.

À Gaza, les bombardements de l’armée israélienne ont endommagé les installations de traitement des eaux usées, entraînant une contamination de l’eau. De même, en Ukraine, la destruction des villes et des zones industrielles a eu des conséquences désastreuses sur l’environnement. La pollution atmosphérique due aux opérations militaires et à la combustion de combustibles fossiles a également augmenté, contribuant au réchauffement et aux changements climatiques.

Ces impacts environnementaux entravent les efforts de rétablissement immédiats et posent des défis à long terme aux initiatives de développement durable et d’action climatique. La destruction des habitats naturels et la perte de biodiversité sont des conséquences préoccupantes de ces conflits. De plus, l’accent mis sur les dépenses militaires et les interventions d’urgence détourne les ressources et l’attention des programmes essentiels de protection de l’environnement et d’action climatique.

Les efforts de reconstruction et de redressement dans ces régions doivent intégrer des considérations environnementales pour garantir un développement durable et résilient. La nécessité d’une coopération internationale en matière de réhabilitation environnementale et d’action climatique est plus cruciale que jamais dans ces zones touchées par des conflits.

Détournement des ressources : du développement durable à la gestion des conflits

Impact sur les ODD et les initiatives climatiques

Le conflit Israël-Hamas et la guerre entre la Russie-Ukraine ont entraîné un détournement important des ressources. Les fonds et les efforts qui auraient pu être consacrés à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et à l’action climatique sont réorientés pour répondre aux besoins immédiats liés aux conflits. Ce changement a plusieurs implications :

  1. Réduction des investissements dans le développement durable : les ressources financières qui auraient pu être investies dans la santé, l’éducation, les énergies propres et les infrastructures durables sont désormais allouées aux dépenses militaires et aux secours d’urgence. Cette réaffectation affecte les progrès vers la réalisation de divers ODD, en particulier ceux liés à la réduction de la pauvreté, à la santé et au bien-être.
  2. Efforts d’action climatique interrompus : les stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique passent au second plan. L’accent mis sur la résolution immédiate des conflits a éclipsé l’impératif à long terme de la lutte contre le changement climatique. Ce changement peut faire dérailler les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris et d’autres engagements internationaux en matière de climat.
  3. Impact sur l’aide internationale : Les pays et les organisations qui contribuaient auparavant à l’aide au développement réorientent désormais leur soutien vers l’aide humanitaire aux régions touchées par le conflit. Ce changement signifie que moins de fonds sont disponibles pour les projets de développement mondiaux et les initiatives d’action climatique.
  4. Perte de capital humain : Le coût humain de ces conflits va au-delà des pertes immédiates. La perturbation des systèmes d’éducation et de santé, ainsi que les déplacements de populations, entraînent une perte de capital humain vital pour le développement durable.

Implications pour le développement futur

Le détournement de ressources vers la gestion des conflits pose un défi important pour le futur développement durable et l’action climatique. Il sera crucial de réaligner les priorités mondiales et de garantir que les objectifs de développement et climatiques reçoivent une attention et un financement adéquats pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Cette situation souligne la nécessité d’une approche équilibrée qui s’attaque aux conflits immédiats tout en restant concentrée sur les objectifs de développement durable à long terme.

Réponse et coopération mondiales : naviguer à travers les conflits pour atteindre les ODD

Efforts de collaboration au milieu des conflits

La réponse mondiale aux guerres à Gaza et en Ukraine met en évidence la complexité de la coopération internationale. Les rapports du Breakthrough Agenda 2022 et 2023 de l’Agence Internationale de l’Énergie soulignent que, sans collaboration, la transition vers zéro émission nette pourrait être retardée de plusieurs décennies, passant de 2050 à environ 2090. Les nations du monde entier sont aux prises avec la nécessité de faire face aux crises humanitaires immédiates tout en maintenant leur élan vers la réalisation des ODD et l’action climatique. Cette situation appelle une approche multiforme :

  1. Aide humanitaire et diplomatie : Les organisations internationales et les gouvernements fournissent activement une aide humanitaire aux zones de conflit.
  2. Des efforts diplomatiques sont également en cours pour atténuer ces conflits et favoriser la paix, ce qui est vital pour la poursuite des initiatives de développement durable.
  3. Équilibrer les besoins immédiats et les objectifs à long terme : La communauté mondiale est confrontée au défi d’équilibrer les besoins immédiats des régions touchées par des conflits avec les objectifs à long terme du développement durable et de l’action climatique. Cet équilibre est essentiel pour garantir que les progrès dans un domaine n’entraînent pas de reculs dans un autre.
  4. Réaffirmer l’engagement envers les ODD et les cibles climatiques : Malgré les défis posés par ces conflits, de nombreux pays et organismes internationaux continuent de réaffirmer leur engagement envers les ODD et les cibles climatiques. Cet engagement est manifeste dans diverses conférences et sommets internationaux où le développement durable et l’action climatique restent des sujets clés d’actualité à l’instar de la COP 28 qui vient d’avoir lieu à Dubai.

Tirer parti des partenariats mondiaux pour le développement durable

Le scénario mondial actuel souligne l’importance de partenariats solides et résilients. Les efforts de collaboration entre les pays, les organisations internationales, les entités du secteur privé et la société civile sont essentiels pour surmonter les obstacles causés par les conflits. De tels partenariats peuvent stimuler l’innovation, mobiliser des ressources et favoriser un engagement commun en faveur de la réalisation des ODD et des cibles climatiques.

Conclusion : La voie à suivre pour notre avenir commun

L’interaction des conflits comme Israël-Hamas et Russie-Ukraine avec les efforts mondiaux visant à atteindre les ODD et à lutter contre le changement climatique est un rappel brutal de la nature interconnectée de notre monde et de notre avenir commun. Ces conflits ont non seulement des impacts immédiats et dévastateurs sur les vies humaines et l’environnement, mais aussi des effets d’entraînement qui entravent les progrès mondiaux vers le développement durable. Relever ces défis nécessite une approche multidimensionnelle qui va au-delà des réponses immédiates pour inclure des stratégies à long terme pour la paix, la résilience et la durabilité. Ce faisant, le monde pourra se rapprocher de la réalisation des objectifs ambitieux fixés pour un avenir plus équitable et plus durable.

Cet article, tout en donnant un aperçu de la complexité des conflits et de leurs conséquences à grande échelle, souligne le besoin urgent d’une action collective et d’une coopération mondiale renforcéeDans un univers interconnecté où les conflits locaux résonnent à l’échelle mondiale, l’unité dans la résolution des problèmes devient plus essentielle que jamais.

Auteurs/autrices

  • Abderrahim Merzak Ph.D

    Dr. Merzak, président fondateur de l'Institut Territorium à Ottawa-Ontario et du Groupe Territorium au Maroc, est actif dans le domaine de l'innovation, le transfert de technologie et la recherche pour le développement. Avec une expérience antérieure en tant qu'enseignant-chercheur à l'Université de Paris-Saclay et au King's College de l'Université de Londres, il travaille à l'élaboration de systèmes d'innovation socio-techniques, visant à soutenir les secteurs privé et public dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable et des cibles de l'Accord de Paris. Son groupe développe des plateformes en ligne pour faciliter l'apprentissage social et la planification de projets durables. Dr. Merzak a participé à la création de partenariats internationaux et a fondé des forums dans le domaine de la gouvernance, du digital, de la biotechnologie et du développement territorial. Son expérience comprend des rôles de création, de management et de consulting. Sur le plan académique, il a occupé des postes d'enseignant-chercheur dans des universités réputées en Europe et au Moyen Orient et a reçu plusieurs distinctions. Il détient un doctorat en biologie moléculaire et cellulaire du cancer de l'Université Paris-Diderot, ainsi que d'autres diplômes académiques.

    - ORCID iD
    - Scopus Author ID
    - Web of Science Research ID

  • Mohammed Benahmed

    Mohammed BENAHMED s'illustre comme un expert émérite dans les sphères de l'ingénierie civile, du management et de la finance. Fort d'une expérience significative dans la gestion de projets d'infrastructure majeurs, il a été un acteur clé dans l'élaboration de projets d'envergure tels que le Complexe Hydraulique Ait Ayoub et le Nouveau Terminal à Conteneurs du Port de Casablanca. Sa carrière au Fonds d’Équipement Communal (FEC) démontre sa compétence à assumer des rôles de haute responsabilité, gérant avec succès le financement et l'assistance technique pour les collectivités territoriales. Salué pour son expertise en recherche et développement, en particulier dans les domaines de l'économie, du droit et de la gestion, il a reçu le Prix de l’Économiste en 2005, soulignant son excellence dans ces domaines. Sa renommée s'étend bien au-delà des frontières nationales grâce à sa participation active dans des forums internationaux et à sa contribution significative à la formation de plus de 250 cadres marocains et africains, couvrant une gamme étendue de compétences de la gestion des services publics à la finance. Actuellement CEO de CBN Développement, il dirige une firme de conseil de premier plan, spécialisée dans l'accompagnement stratégique des organisations gouvernementales et privées. En tant que co-fondateur et président de l'Alliance Maroc Innovation et Emergence depuis 2019, et membre fondateur du Club PPP Maroc, il se concentre sur l'innovation et la stimulation de la compétitivité économique. M. Mohammed BENAHMED est diplômé de l’École Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat en génie civil/hydraulique. Il détient également un diplôme de 3ème Cycle en management des organisations de l’Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises de Casablanca (ISCAE) et une maîtrise en ingénierie mathématique de l'Université de Metz, France.

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