Climat : les batailles énergétiques mondiales après la COP28
Après la COP28, le monde a observé un tournant significatif dans la lutte contre le changement climatique. Cet article examine les principaux résultats et accords transformateurs conclus lors du Sommet des Nations Unies sur le climat tenu à Dubaï. Qu’il s’agisse de marquer la fin de l’ère des combustibles fossiles, de tracer la voie à suivre pour réduire les émissions et de résoudre des problèmes critiques tels que les émissions de refroidissement, les demandes de climatisation et les objectifs de réduction du méthane, la COP28 a ouvert la voie à une action climatique mondiale. Dans cet article, nous examinons les engagements et décisions clés pris par les pays, les organisations et les dirigeants, qui guident le monde vers un avenir plus durable et plus résilient face au changement climatique.
- Engagements et promesses en matière de climat financier
- Réduire les émissions des équipements de refroidissement face à l’augmentation des températures
- Focus renouvelé sur les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire
- Effort de décarbonisation des sociétés pétrolières et gazières mondiales
- La réglementation américaine sur les émissions de méthane pour le climat
- L’appel climat de John Kerry à un arrêt mondial des nouvelles centrales à charbon
- Références
Engagements et promesses en matière de climat financier
La 28e Conférence des Parties (COP 28) a mis en valeur un effort mondial remarquable en faveur du changement climatique, avec l’annonce d’un financement de plus de 57 milliards de dollars. Cette importante mobilisation financière témoigne de l’engagement collectif des gouvernements, des entreprises, des investisseurs et des organisations philanthropiques dans la lutte contre la crise climatique.
Fonds climat ALTÉRRA des Émirats arabes unis
L’initiative la plus marquante est le lancement du fonds ALTÉRRA par les Émirats Arabes Unis, un projet massif de 30 milliards de dollars visant à catalyser le financement privé dans les pays du Sud. ALTÉRRA constitue une déclaration audacieuse du leadership des Émirats Arabes Unis en matière de financement climatique, ciblant des domaines critiques tels que les infrastructures durables, les énergies renouvelables et le développement résilient au climat. Ce fonds devrait jouer un rôle central en comblant le fossé entre les pays développés et les pays en développement dans leur poursuite des objectifs climatiques.
Le coup de pouce climatique de la Banque mondiale
Outre le fonds ALTÉRRA, l’engagement de la Banque mondiale à augmenter de 9 milliards de dollars son financement annuel pour des projets liés au climat marque une augmentation substantielle des ressources allouées à la lutte contre le changement climatique. Cette augmentation du financement reflète l’engagement continu de la Banque à soutenir les efforts de développement durable, d’adaptation et d’atténuation du changement climatique dans le monde entier.
Renforcer le Fonds vert pour le climat
En outre, la reconstitution du Fonds vert pour le climat avec 3,5 milliards de dollars supplémentaires souligne l’attention continue portée au soutien des initiatives climatiques dans les pays en développement. Le Fonds vert pour le climat, instrument essentiel du mécanisme financier de la CCNUCC, joue un rôle crucial en canalisant le soutien financier pour aider ces pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux effets du changement climatique.
La mobilisation financière lors de la COP 28, en mettant l’accent sur des flux de financement substantiels et variés, représente une étape cruciale dans la résolution des défis complexes du changement climatique. Cela souligne l’urgence et l’ampleur de l’engagement requis pour passer à un avenir durable et sobre en carbone.
Réduire les émissions des équipements de refroidissement face à l’augmentation des températures
Lors de la COP 28, l’accent a été mis sur le secteur du refroidissement, en croissance rapide, qui devient de plus en plus important face au réchauffement climatique. Un nouveau rapport de l’ONU lancé lors de la conférence a fourni une stratégie détaillée pour relever ce défi [1].
Répondre à la demande de climatisation
À mesure que la planète se réchauffe, la demande de climatiseurs et autres équipements de refroidissement augmente. Cette tendance n’est pas seulement une question de confort mais de plus en plus une question de santé et de survie, en particulier dans les régions les plus chaudes du monde. Le rapport de l’ONU souligne que cette demande croissante est un facteur clé d’augmentation de la consommation d’énergie et, par conséquent, des émissions de gaz à effet de serre. Le besoin de refroidissement n’est plus un luxe mais une nécessité, faisant du secteur un domaine critique pour les efforts de réduction des émissions.
Voie vers la réduction des émissions climatiques
Pour lutter contre l’augmentation des émissions du secteur du refroidissement, le rapport propose une voie globale. Il met l’accent sur l’adoption de technologies de refroidissement plus économes en énergie, l’utilisation de réfrigérants respectueux du climat et l’intégration du refroidissement dans des stratégies plus larges de planification urbaine et énergétique. Le rapport suggère que le respect de ces recommandations pourrait réduire les émissions projetées d’ici 2050 dues au refroidissement actuel d’environ 3,8 milliards de tonnes d’équivalent CO2. Cette réduction est essentielle pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et les effets les plus graves du changement climatique.
Les stratégies présentées dans le rapport de l’ONU représentent une étape importante vers des approches de refroidissement écologiquement responsables. En abordant à la fois les aspects technologiques et politiques du refroidissement, le rapport fournit un modèle sur la manière dont les pays peuvent réduire leurs émissions tout en répondant à la demande croissante de refroidissement. Les débats à la COP 28 et le rapport soulignent l’importance grandissante, bien que souvent négligée, du refroidissement dans les efforts de lutte contre le changement climatique.
Focus renouvelé sur les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire
Engagement à tripler la capacité mondiale d’énergie renouvelable
La COP 28 a représenté un tournant décisif dans les efforts climatiques mondiaux, réunissant 118 nations, y compris les États-Unis, pour s’engager collectivement à tripler la capacité mondiale d’énergies renouvelables d’ici 2030. Cet engagement ambitieux représente un changement notable dans l’approche mondiale de la production d’énergie, mettant en évidence une évolution collective vers des sources d’énergie plus durables et plus respectueuses de l’environnement [2].
Le consensus scientifique est clair : réduire la dépendance aux combustibles fossiles, qui contribuent largement aux émissions de CO2, est impératif pour atténuer le changement climatique et préserver une planète vivable. Pour y parvenir, une augmentation significative de la capacité d’énergie renouvelable, englobant des sources telles que l’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et géothermique, est essentielle.
L’engagement pris lors de la COP28 reflète une reconnaissance mondiale de l’urgence d’agir. Avec 118 pays à bord, il représente un engagement généralisé en faveur d’un avenir énergétique plus vert et plus durable. Cette initiative est l’une des plus largement soutenues dans l’histoire des sommets des Nations Unies sur le climat, indiquant une forte volonté collective de lutter contre le changement climatique et une évolution vers des politiques énergétiques plus durables à l’échelle mondiale.
Cependant, le chemin à parcourir pour atteindre cet objectif d’ici 2030 nécessitera une coordination, des investissements et une innovation immenses. Il s’agit d’un défi que le monde doit affronter de concert, marque une étape majeure dans notre parcours collectif vers un avenir plus durable et plus résilient.
L’énergie nucléaire comme élément clé du climat
Outre l’accent mis sur les énergies renouvelables, plus de 22 pays répartis sur quatre continents se sont réunis pour lancer une déclaration visant à tripler la capacité mondiale d’énergie nucléaire d’ici 2050. Cette démarche est un élément fondamental de leur stratégie pour atteindre des émissions nettes nulles. Ces pays se sont engagés à augmenter significativement leur capacité énergétique nucléaire d’ici 2050, reconnaissant le rôle critique de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique mondial [3].
Cette Déclaration reconnaît le rôle central de l’énergie nucléaire dans la réalisation d’un avenir sans émissions nettes de gaz à effet de serre et dans le maintien de l’augmentation de la température mondiale dans la limite de 1,5 degré Celsius. Elle souligne l’importance de la science et de la technologie nucléaires dans la surveillance du changement climatique, reconnaissant que l’énergie nucléaire constitue déjà une source importante d’énergie de base propre et fiable. Les évaluations analytiques de diverses organisations internationales soutiennent la nécessité de tripler la capacité mondiale d’énergie nucléaire d’ici 2050 pour atteindre zéro émission nette. La Déclaration souligne également le potentiel des nouvelles technologies nucléaires, leur compatibilité avec les sources d’énergie renouvelables et leur flexibilité pour soutenir les efforts de décarbonation au-delà du secteur électrique. En outre, elle reconnaît l’importance du financement, d’un engagement politique de haut niveau et d’un fonctionnement responsable, de la sûreté, de la sécurité et de la non-prolifération dans le secteur de l’énergie nucléaire.
La Déclaration encourage les institutions financières à soutenir l’énergie nucléaire et salue les engagements du secteur privé et des ONG. Les progrès réalisés vers ces engagements seront examinés chaque année et d’autres pays sont invités à se joindre à cette initiative. Les États-Unis, ainsi que les autres pays participants, considèrent l’énergie nucléaire comme un élément essentiel pour atteindre zéro émission nette en raison de sa capacité à fournir une source stable et substantielle d’énergie à faible émission de carbone.
Cette double focalisation sur les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire souligne l’approche diversifiée et multiforme nécessaire pour lutter efficacement contre le changement climatique. En développant la capacité des énergies renouvelables et en intégrant l’énergie nucléaire, ces pays répondent au besoin urgent d’une transition rapide vers des sources d’énergie plus propres. L’engagement collectif pris lors de la COP 28 visant à tripler la capacité d’énergie renouvelable et à augmenter celle de l’énergie nucléaire marque un tournant significatif dans la réduction de la dépendance mondiale aux combustibles fossiles. Cette initiative ouvre la voie vers un avenir plus respectueux de l’environnement et durable, soulignant l’importance de la diversification énergétique dans la lutte contre le changement climatique.
Effort de décarbonisation des sociétés pétrolières et gazières mondiales
Lors du sommet de la COP 28, un développement important dans le secteur de l’énergie a été observé alors que cinquante sociétés pétrolières et gazières mondiales, dont des acteurs majeurs comme Saudi Aramco et ExxonMobil, ont pris un engagement historique à décarboner leurs opérations [4]. Cette décision marque un changement considérable dans l’approche de l’industrie pétrolière et gazière face au changement climatique et à ses impacts.
Objectifs de réduction des émissions de méthane
Émissions opérationnelles de méthane
Un élément clé de cet engagement est l’objectif fixé par ces entreprises de réduire drastiquement leurs émissions de méthane opérationnelles. Elles se sont collectivement engagées à réduire ces émissions de 80 % d’ici la fin de cette décennie, avec un objectif ambitieux : éliminer complètement ces émissions d’ici 2050. Le méthane, étant un puissant gaz à effet de serre, a un impact significatif sur le réchauffement climatique et réduit ses émissions. est crucial pour atténuer le changement climatique.
Mesures de responsabilisation pour le climat
Ce qui rend cet engagement particulièrement remarquable, c’est l’inclusion de mesures de responsabilisation. Le plan de décarbonation intègre des dispositions pour la surveillance et la vérification internationales des objectifs de réduction des émissions de méthane. Ce niveau de transparence et de responsabilité est essentiel pour garantir que ces engagements ne soient pas de simples promesses mais se traduisent en actions et résultats tangibles.
L’engagement de ces sociétés pétrolières et gazières à la COP 28 représente un moment charnière dans le rôle de l’industrie dans la lutte contre le changement climatique. En fixant des objectifs clairs de réduction des émissions de méthane et en établissant des mesures de responsabilisation, ces entreprises reconnaissent leur responsabilité et leur rôle dans l’effort mondial visant à parvenir à un avenir plus durable et plus respectueux de l’environnement [4].
La réglementation américaine sur les émissions de méthane pour le climat
L’administration Biden a pris une mesure significative pour combattre le changement climatique en annonçant une nouvelle règle qui vise à réduire considérablement les émissions de méthane des puits de pétrole et de gaz aux États-Unis au cours des 15 prochaines années [5]. Cette réglementation marque une étape majeure dans les efforts des États-Unis pour lutter contre l’un des gaz à effet de serre les plus puissants.
Impact de la règle sur le méthane
Objectif de réduction des émissions
L’objectif central de cette nouvelle règle est de parvenir à une réduction de près de 80 % des émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier par rapport aux projections actuelles. Le méthane est connu pour son potentiel de réchauffement climatique élevé, contribuant de manière significative au changement climatique. En ciblant ce gaz à effet de serre spécifique, la règle représente une approche ciblée pour atténuer l’impact environnemental.
Avantages projetés
L’application de la nouvelle réglementation sur le méthane devrait avoir des avantages considérables. On estime qu’elle permettra d’éviter environ 58 millions de tonnes d’émissions de méthane entre 2024 et 2038. Cette réduction équivaut à environ 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone, mettant en lumière le potentiel significatif de cette mesure en termes d’atténuation du changement climatique.
De plus, cette mesure réglementaire souligne l’engagement du pays à atteindre ses objectifs climatiques et crée un précédent à suivre par d’autres pays. En mettant en œuvre des mesures strictes pour réduire les émissions de méthane, les États-Unis franchissent une étape cruciale vers la réalisation de leurs objectifs plus larges dans le cadre de l’Accord de Paris et d’autres engagements internationaux en matière de climat.
L’appel climat de John Kerry à un arrêt mondial des nouvelles centrales à charbon
Lors de la COP 28, l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, a lancé un appel important, exhortant la communauté mondiale à arrêter la construction de nouvelles centrales électriques au charbon. Cet appel à l’action représente un élément crucial dans les efforts plus larges visant à réduire la dépendance mondiale au charbon, l’une des sources d’énergie les plus émettrices de carbone.
Malgré les appels urgents à l’action, tels que ceux lancés par John Kerry, la réponse a été mitigée à l’échelle mondiale, avec des approches contrastées notables. La Chine, par exemple, a continué à accroître sa capacité de production d’électricité au charbon. Cette expansion continue souligne le défi complexe que représente la transition vers une sortie de la dépendance au charbon, en particulier dans les pays où le charbon occupe une part importante du mix énergétique.
L’expansion continue de la capacité de production de charbon de la Chine met en évidence le défi mondial plus large que constitue l’abandon des combustibles fossiles. Même si des appels à l’action et des engagements internationaux sont lancés, les traduire en changements tangibles reste un défi important. Le scénario avec la Chine illustre les complexités et les difficultés auxquelles les pays sont confrontés pour équilibrer leurs besoins énergétiques, leur croissance économique et leurs responsabilités environnementales.
L’appel de John Kerry à l’arrêt des nouvelles centrales au charbon constitue une étape cruciale vers un avenir plus vert. Cependant, les réponses variables des principaux acteurs mondiaux comme la Chine indiquent que parvenir à un consensus mondial et à une action efficace pour réduire la dépendance au charbon nécessite des efforts soutenus, un dialogue et des solutions innovantes pour équilibrer les divers intérêts et priorités nationaux [6].
Références
- cop28.com – Key measures could slash predicted 2050 emissions from cooling sector
- The Renewable Energy Institute – COP 28 Renewable Energy Pledge
- energy.gov – At COP28, Countries Launch Declaration to Triple Nuclear Energy Capacity by 2050
- WRI : At COP28 Countries Announce New Efforts to Reduce Methane Pollution
- EPA – Biden-Harris Administration Announces $350 Million to 14 States to Reduce Methane Emissions from Oil and Gas Sector as Part of Investing in America Agenda
- PoweringPastCoal – The United States heads a group of countries making new commitments to phasing out coal