Eau Propre et Assainissement

Accès à l’Eau et à l’Assainissement : Vers une Couverture Universelle d’ici 2030 – 1ère partie

Eau pour Tous : Progrès et Défis dans la Réalisation de l'ODD 6

La quête pour l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement représente un défi colossal de notre époque, ancré profondément dans les Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030 de l’ONU. Nous examinerons cette problématique majeure en une série de 3 articles en explorant les progrès, les perspectives, les stratégies futures et les techniques innovantes qui répondent non seulement aux besoins immédiats d’accès à l’eau et à l’assainissement, mais qui ouvrent également la voie à un avenir où la pénurie d’eau appartiendra au passé.

Le premier article se concentre sur l’état actuel de l’ODD-6, mettant en lumière les avancées et les obstacles dans la réalisation de l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. Il souligne l’importance de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, aborde les problématiques de stress hydrique et de rareté, et met en évidence la nécessité d’améliorer l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène.

Le deuxième article met en exergue les différences régionales en matière de qualité des ressources en eau, et aborde les défis de la conservation de l’eau, du traitement des eaux usées et du rôle de l’agriculture pour le maintien d’écosystèmes terrestres et aquatiques sains.


Le troisième article, en conclusion, rassemble ces thèmes, soulignant l’urgence et la complexité de l’atteinte des objectifs de l’ODD-6. Il appelle à une action collective mondiale et à l’innovation pour surmonter les obstacles restants et garantir que l’eau potable et l’assainissement deviennent une réalité accessible à tous, partout.

Cette série illustre non seulement les défis actuels et les progrès réalisés, mais aussi les opportunités pour une coopération internationale renforcée et une innovation durable. Ils servent de rappel puissant que l’accès à l’eau propre et à l’assainissement n’est pas seulement un objectif de développement, mais un impératif moral et une nécessité pour un avenir durable.

1. Introduction

Le premier de cette série d’articles aborde la réalité complexe de l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, un pilier fondamental des Objectifs de Développement Durable de l’ONU. Malgré des avancées significatives depuis 2015, des milliards de personnes dans le monde continuent de souffrir d’un manque d’accès à ces services essentiels. La situation actuelle reflète une mosaïque de progrès et de disparités, soulignant la nécessité urgente de redoubler d’efforts pour atteindre une couverture universelle d’ici 2030.

Cet article met en lumière les succès et les défis dans les domaines de l’eau potable, de l’assainissement et de l’hygiène. Il explore l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, la lutte contre le stress hydrique et la rareté, en mettant en perspective les obstacles qui restent, en vise à informer, sensibiliser et inciter à l’action pour un avenir où l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est une réalité pour tous.

2. Quête de l’Eau pour Tous : Défis et Avancées

L’eau, élément fondamental à la vie, reste un luxe pour des milliards de personnes dans le monde. Outre l’importance indéniable de l’eau potable et de l’assainissement, nombreux sont ceux qui sont encore aux prises avec des difficultés pour accéder à ces nécessités de base. De l’eau potable aux solutions innovantes comme la récupération de l’eau de pluie et la conservation de l’eau, la quête d’une couverture universelle est plus urgente que jamais. De plus, à mesure que les populations urbaines et rurales augmentent, la disparité en matière d’accès à l’eau et les problèmes de défécation à l’air libre deviennent encore plus prononcés.

De 2015 à 2022 , le monde a connu des progrès significatifs dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Ces avancées, bien qu’encourageantes, mettent également en lumière les vastes disparités qui persistent. 

Malgré des avancées encourageantes depuis 2015, des milliards de personnes dans le monde continuent de souffrir d’un manque d’accès à ces services essentiels, reflétant de vastes disparités qui contrastent fortement avec les progrès réalisés.

Le chemin vers 2030 , soutenu par les objectifs de développement durable, exige la nécessité urgente d’accélérer notre rythme actuel. Pour atteindre une couverture universelle d’ici 2030, le monde doit intensifier ses efforts de manière exponentielle ; Plus précisément, il est impératif de multiplier par six l’accès à l’eau potable et de quintupler les installations sanitaires. L’hygiène, souvent oubliée dans les discussions centrées sur l’eau et l’assainissement, ne peut être laissée de côté. Pour garantir que chaque individu, quelle que soit son origine géographique ou socio-économique, ait accès à des installations d’hygiène de base, une multiplication par trois de nos efforts n’est pas négociable

3. Accès à l’Eau et à l’Assainissement en Chiffres

L’accès à l’eau potable, un droit humain fondamental, a augmenté, passant de 69 % en 2015 à 73 % en 2022. Parallèlement, l’assainissement, souvent appelé la « crise silencieuse », a également progressé. L’accès à des installations sanitaires gérées en toute sécurité est passé de 49 % en 2015 à 57 % en 2022. Par ailleurs, la lutte contre la défécation à l’air libre, pratique préjudiciable à la santé et à la dignité, a porté ses fruits, avec des chiffres en baisse de 715 millions en 2015 à 419 millions. en 2022 1 (voir pour référence : The Sustainable Development Goals Report 2023 – Special Edition).

De 2015 à 2022, l’accès à une eau potable gérée en toute sécurité est passé de 69 % à 73 %, tandis que l’assainissement a connu une augmentation de 49 % à 57 %. Pourtant, en 2022, 2,2 milliards de personnes manquaient encore d’eau potable. #ODD6 #CleanWaterForAll. UNSTATS.

L’hygiène a fait des progrès impressionnants. L’accès aux services d’hygiène essentiels, cruciaux pour la prévention des maladies, est passé de 67 % en 2015 à 75 % en 2022. La fracture entre zones urbaines et rurales, un défi persistant, complique cependant le récit. Alors que les zones rurales ont connu des améliorations, les régions urbaines ont stagné ou régressé. Il est crucial de remédier à cette dichotomie alors que nous progressons sur la route vers 2030.

4. Utilisation de l’eau : efficacité et défis

Augmentation de l’efficacité de l’eau potable

Entre 2015 et 2020, le monde a connu une augmentation louable de 9 % de l’efficacité de l’utilisation de l’eau. Cette augmentation témoigne des efforts collectifs des nations, des communautés et des individus qui ont reconnu la valeur de cette ressource précieuse.

Cette amélioration de l’efficacité se reflète dans divers secteurs, l’agriculture étant en tête. Des systèmes d’irrigation efficaces, des pratiques agricoles avancées et une sensibilisation accrue des agriculteurs ont joué un rôle central dans cette transformation. Les implications sont profondes. Une « efficacité d’utilisation » améliorée garantit non seulement que nous répondons aux besoins du présent, mais protège également les ressources pour les générations futures.

La conservation de l’eau est au cœur de l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau. Des techniques telles que la récupération de l’eau de pluie peuvent augmenter considérablement la quantité de ressources hydriques disponibles. Chaque goutte que nous économisons contribue à un avenir plus durable.

Les initiatives mondiales de conservation hydrique ont conduit à une augmentation de 9 % de l’efficacité de l’utilisation de l’eau. En adoptant des pratiques telles que la récupération de l’eau de pluie, nous pouvons encore améliorer cette efficacité et encourager les communautés à économiser l’eau.

Défis persistants en matière de conservation de l’eau

Cependant, le voyage est loin d’être fluide. Malgré les progrès réalisés en matière d’efficacité, des défis majeurs demeurent et jettent une ombre sur nos réalisations. Le stress hydrique et la rareté, les deux faces d’une même médaille, continuent de sévir sur de vastes zones du globe. En 2020, pas moins de 2,4 milliards de personnes se sont retrouvées dans des pays en situation de stress hydrique, aux prises avec les répercussions d’un accès limité à cette ressource vitale.

Même si nous avons fait des progrès en matière de conservation hydrique, des défis persistent. Adopter la collecte des eaux de pluie à plus grande échelle et promouvoir des pratiques permettant d’économiser l’eau peut aider à surmonter ces défis.

Même avec les progrès en matière de conservation de l’eau, des défis tels que le stress hydrique et la rareté persistent. La collecte de l’eau de pluie peut changer la donne, en particulier dans les régions confrontées à de graves pénuries aquatiques, incitant les individus et les communautés à économiser l’eau.

Les racines de ce défi sont multiples. Les conflits, souvent négligés dans le discours sur les ressources hydriques, exacerbent la crise. Les régions en proie à des conflits sont témoins d’une panne des infrastructures hydriques, rendant l’accès encore plus difficile. Le changement climatique, spectre menaçant de notre époque, intensifie encore le stress hydrique. Les régimes pluviométriques irréguliers, les sécheresses prolongées et les changements de zones climatiques ne sont que quelques manifestations de cette crise mondiale.

La fracture urbain-rural, thème récurrent, joue également un rôle dans ce récit. Tandis que les zones rurales sont aux prises avec des difficultés d’accès, les régions urbaines, pleines à craquer, sont confrontées à la double menace de la demande et de la dégradation.

Entre 2015 et 2020, l’efficacité mondiale de l’utilisation de l’eau a bondi de 9 %. Cependant, en 2020, 2,4 milliards de personnes résidaient dans des pays en situation de stress hydrique, ce qui souligne le besoin urgent de solutions durables. 💧 #WaterEfficiency #GlobalChallenges. UNSTATS

5. Stratégies clés pour atteindre l’ODD-6

Investissement et renforcement des capacités pour l’économie d’eau

Le secteur hydraulique, malgré son importance cruciale, est souvent aux prises avec un sous-financement et un manque de professionnels qualifiés. Relever les défis de l’ODD 6 nécessite une augmentation significative des investissements financiers et des ressources humaines. Les pays, en particulier ceux du monde en développement, doivent accorder la priorité aux allocations budgétaires pour les infrastructures hydriques, la recherche et les projets communautaires. Simultanément, les initiatives de renforcement des capacités devraient être intensifiées, en se concentrant sur la formation des communautés locales, des décideurs politiques et des techniciens. Cette double approche garantit non seulement la disponibilité des fonds mais également l’expertise nécessaire pour les utiliser efficacement.

Innovation et action fondée sur des données probantes

À une époque caractérisée par des progrès technologiques rapides, le secteur ne peut pas se permettre d’être à la traîne. Des systèmes de surveillance de la qualité de l’eau basés sur l’IA aux techniques de purification innovantes, le potentiel de révolutionner la gestion hydrique est immense. Toutefois, l’innovation à elle seule ne constitue pas la solution. Toute nouvelle approche ou technologie doit être étayée par des preuves solides, garantissant son efficacité et sa durabilité. Les projets pilotes, les tests rigoureux et les commentaires de la communauté sont des éléments essentiels de cette approche fondée sur des preuves, garantissant que les innovations conduisent à des améliorations tangibles sur le terrain.

Coordination intersectorielle

Les questions hydriques sont étroitement liées à divers autres secteurs, de l’agriculture et de l’énergie à la santé et à l’urbanisme. Par conséquent, une approche cloisonnée de la gestion des ressources hydriques est vouée à l’échec. La coordination intersectorielle garantit que les politiques et les actions dans un secteur complètent, plutôt que contredisent, celles d’un autre. Par exemple, les politiques agricoles favorisant les cultures à forte intensité hydrique dans les régions où l’eau est rare peuvent s’avérer contre-productives. Une approche coordonnée, impliquant les parties prenantes de tous les secteurs concernés, peut aider à formuler des politiques globales qui tiennent compte des interdépendances et des défis communs.

Gestion intégrée de l’eau : une approche holistique

L’eau, sous ses différentes formes et étapes, fait partie d’un cycle vaste et interconnecté. Sa gestion nécessite une approche intégrée qui considère l’ensemble du cycle hydrique, de la source à la mer. Cela implique de comprendre les liens entre les eaux souterraines et les ressources de surface, l’impact des activités humaines sur la qualité de l’eau et les besoins écologiques des écosystèmes aquatiques. La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) est une approche qui favorise le développement et la gestion coordonnés des ressources terrestres et aquatiques. En adoptant la GIRE, les pays peuvent assurer une gestion hydrique durable qui répond aux besoins des populations et de l’environnement.

Avec ces stratégies en place, la communauté mondiale peut faire des progrès significatifs vers la réalisation de l’ODD 6, en garantissant à chacun l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le chemin à parcourir est difficile, mais avec des efforts concertés, de l’innovation et de la collaboration, c’est un objectif à portée de main.

6. Disparités d’accès : zones rurales et urbaines

Accès à l’eau potable en milieu rural

De 2015 à 2022, les zones rurales ont connu des progrès louables en matière d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux services d’hygiène. Ces progrès témoignent des interventions ciblées, des initiatives communautaires et des collaborations internationales qui ont donné la priorité aux régions les plus mal desservies.

Les services d’hygiène de base, essentiels à la prévention de nombreuses maladies d’origine hydrique, ont connu une légère augmentation, avec des taux d’accès passant de 67 % en 2015 à 75 % en 2022. UNSTATS.

Les défis urbains liés à la conservation de l’eau

Contrairement aux progrès enregistrés en milieu rural, les zones urbaines ne s’en sortent pas aussi bien. L’urbanisation rapide, la croissance démographique et les défis infrastructurels ont conduit à une stagnation, voire à un déclin de l’accès aux services essentiels d’hydrique et d’assainissement dans de nombreuses villes. Cette disparité entre zones urbaines et zones rurales souligne la nécessité de stratégies adaptées qui répondent aux défis uniques des environnements urbains.

Malgré les progrès réalisés à l’échelle mondiale, en 2022, 2,2 milliards de personnes n’avaient toujours pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité, dont une partie importante vivait dans les zones urbaines. La situation est encore plus désastreuse en matière d’assainissement, avec 3,5 milliards de personnes dépourvues de services d’assainissement gérés en toute sécurité. Là encore, les zones urbaines, avec leurs établissements informels tentaculaires, représentent une grande partie de ce chiffre.

2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité, tandis que 3,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité, la majorité se trouvant dans les zones urbaines. UNSTATS.

Le fossé entre zones urbaines et zones rurales en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement nous rappelle brutalement qu’une approche universelle est insuffisante. Des stratégies adaptées et spécifiques à la région, soutenues par des données solides et la participation de la communauté, sont essentielles pour combler cet écart.

Auteurs/autrices

  • Mohammed Benahmed

    Mohammed BENAHMED s'illustre comme un expert émérite dans les sphères de l'ingénierie civile, du management et de la finance. Fort d'une expérience significative dans la gestion de projets d'infrastructure majeurs, il a été un acteur clé dans l'élaboration de projets d'envergure tels que le Complexe Hydraulique Ait Ayoub et le Nouveau Terminal à Conteneurs du Port de Casablanca. Sa carrière au Fonds d’Équipement Communal (FEC) démontre sa compétence à assumer des rôles de haute responsabilité, gérant avec succès le financement et l'assistance technique pour les collectivités territoriales. Salué pour son expertise en recherche et développement, en particulier dans les domaines de l'économie, du droit et de la gestion, il a reçu le Prix de l’Économiste en 2005, soulignant son excellence dans ces domaines. Sa renommée s'étend bien au-delà des frontières nationales grâce à sa participation active dans des forums internationaux et à sa contribution significative à la formation de plus de 250 cadres marocains et africains, couvrant une gamme étendue de compétences de la gestion des services publics à la finance. Actuellement CEO de CBN Développement, il dirige une firme de conseil de premier plan, spécialisée dans l'accompagnement stratégique des organisations gouvernementales et privées. En tant que co-fondateur et président de l'Alliance Maroc Innovation et Emergence depuis 2019, et membre fondateur du Club PPP Maroc, il se concentre sur l'innovation et la stimulation de la compétitivité économique. M. Mohammed BENAHMED est diplômé de l’École Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat en génie civil/hydraulique. Il détient également un diplôme de 3ème Cycle en management des organisations de l’Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises de Casablanca (ISCAE) et une maîtrise en ingénierie mathématique de l'Université de Metz, France.

  • Abderrahim Merzak Ph.D

    Dr. Merzak, président fondateur de l'Institut Territorium à Ottawa-Ontario et du Groupe Territorium au Maroc, est actif dans le domaine de l'innovation, le transfert de technologie et la recherche pour le développement. Avec une expérience antérieure en tant qu'enseignant-chercheur à l'Université de Paris-Saclay et au King's College de l'Université de Londres, il travaille à l'élaboration de systèmes d'innovation socio-techniques, visant à soutenir les secteurs privé et public dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable et des cibles de l'Accord de Paris. Son groupe développe des plateformes en ligne pour faciliter l'apprentissage social et la planification de projets durables. Dr. Merzak a participé à la création de partenariats internationaux et a fondé des forums dans le domaine de la gouvernance, du digital, de la biotechnologie et du développement territorial. Son expérience comprend des rôles de création, de management et de consulting. Sur le plan académique, il a occupé des postes d'enseignant-chercheur dans des universités réputées en Europe et au Moyen Orient et a reçu plusieurs distinctions. Il détient un doctorat en biologie moléculaire et cellulaire du cancer de l'Université Paris-Diderot, ainsi que d'autres diplômes académiques.

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